vendredi 9 janvier 2015

Je suis... Charlie... Ahmed... La police... La liberté.

Quand j'ai appris la nouvelle, j'en ai eu la chair de poule. Quand j'ai vu la vidéo grâce à (ou à cause d') un de mes collègues, j'ai lâchement pensé que c'était heureusement passé à côté de ma famille. A côté de Père Parfait. 
J'ai eu une pensée pour les victimes, pour les familles des victimes, pour ces femmes, enfants, parents qui ne les verront plus le soir.
Puis j'ai commencé à penser. Les barrières devant l'école et le plan Vigipirate Attentats, de même que les transports scolaire annulés m'y ont amenée. Il fallait que je Lui dise. Que je lui explique la chose. Ou en tous les cas que j'en donne une version. 
J'ai vu fleurir quantités d'articles sur le net. Tous parlaient exclusivement d'expliquer l'attentat aux enfants. De leur détailler la liberté de presse et ses conséquences. Du métier de journaliste. 

Je n'en ai vu aucun proposer d'expliquer les meurtres perpétrés sur les forces de police. Comme si cela était naturel et communément admis qu'ils devaient y passer. Après tout, ils portent une arme et un gilet pare balles. Ils sont équipés, ils l'ont choisi. 

Je suppose pourtant qu'il y a beaucoup plus d'enfants de flics que de journalistes. Et je me suis sentie attristée. Attristée et concernée. Comment lui expliquer. Comment lui dire, à ma petite grande, à ma Knoute qui capte parfois trop vite, à ma cérébrale qui se projette et fait des cauchemars dès qu'il y a un évènement qui touche une de ses connaissances? Comment lui dire qu'il y avait aussi des flics dans le lot? Comment lui dire que son père adoré n'y était pas, mais qu'il aurait pu y être? Qu'il fait également un métier à risques? 

J'ai choisi la lâcheté. Pas parce que je n'avais pas trouvé le papier pondu par un psy qui pouvait correspondre à notre cas sur le net ou dans les journaux...

Parce que j'ai choisi de préserver son enfance et de la laisser croire que nous sommes - probablement- encore là pour longtemps. 

Je lui ai uniquement servi la même version que ce que les psy conseillaient. Sans y ajouter que des policiers avaient été lâchement descendus. Et j'ai prévenu l'école en leur demandant d'occulter ce passage. - Super Knoute ayant au préalable aplani le terrain en sautant sur la direction de la maternelle pour leur dire que son papa avait "protégé les dessinateurs" toute la nuit de mercredi-. 

Et je lui ai raconté l'issue. Sans parler des blessés chez nos amis. 

Elle a été très heureuse que les méchants aient été arrêtés par son papa et ses collègues (raccourcis, quand ils nous tiennent)qui défendent notre liberté.

Mais elle ne saura pas pour le moment le reste. 

Etait-ce la bonne version? Si vous avez des témoignages, je prends. 


En attendant, je dis, Chapeau, les mecs. Vous avez réussi à les serrer, on est tous fiers de vous. Take care pour la suite. Et pour les autres, continuez à dessiner et à être irrévérencieux... Que Charlie n'ait pas été en vain!

Mon coeur saigne de ne pouvoir participer à la marche prévue dimanche. Mais je penserai à tous et toutes qui s'y rendront. Et encore aux victimes et à leurs familles. 

Pour que la liberté dans son entier vive et demeure chez nous.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire